Département de la Haute-Vienne Archives départementales de la Haute-Vienne

Les enfants exposés, trouvés ou assistés

Peut-être avez-vous, dans votre généalogie, un enfant trouvé, abandonné ou assisté. L'abandon d'enfant est un phénomène très ancien qui connut un développement important au XVIIIe siècle. Les causes sont nombreuses : naissance illégitime, enfant non désiré, trop grande misère des parents... La prise en charge de ces enfants était organisée dans les villes par les hospices. 

Les enfants exposés

C’est au plus profond de la misère humaine que nous plongent les vingt-et-un registres de paiement de nourrices de l’hôpital général de Limoges. De février 1725 à mars 1791, dix-sept mille enfants ont été abandonnés ou, comme l’on disait, exposés aux portes de l’hôpital. Conscients de l’effroyable mortalité qui régnait parmi ces petites victimes des crises frumentaires du XVIIIe siècle, les administrateurs ont eu à cœur de les mettre le plus tôt et le plus longtemps possible (jusqu’à sept puis douze ans) chez des nourrices à la campagne. Les Archives départementales de la Haute-Vienne conservent ainsi, dans les riches archives de l'hôpital de Limoges, une vingtaine de registres pour les années 1725 à 1791, consultables en salle de lecture sous les cotes H sup Limoges G 54 à H sup Limoges G 74.

Chaque page de registre porte la date et le lieu de l’exposition, l’âge de l’enfant, le nom et le lieu de résidence de la nourrice, les sommes qu’elle percevait et le sort de l’enfant, la mort le plus souvent. S’y ajoutent souvent des billets ou des objets trouvés sur l’enfant, derniers liens ténus avec ses parents, derniers signes de reconnaissance pour un éventuel retour dans le giron familial qui n’aura jamais lieu : on reprendra l’enfant, on ne l’a pas repris…

Les enfants trouvés ou assistés

Au XIXe siècle, l'assistance à l'enfance est marqué par le décret du 19 janvier 1811. Il prévoit trois catégories d'enfants recueillis par les hospices :

- les enfants trouvés, nés de père et de mère inconnus et exposés dans un lieu public ou déposé à l'hospice dans le tour ;

- les enfants abandonnés, nés de parents connus, mais "délaissés sans qu'on sache ce que les père et mère sont devenus, ou sans qu'on puisse recourir à eux" ;

- les orphelins pauvres, admis parce qu'ils restent sans ressources après le décès de leur père et mère ou de leurs tuteurs.

Les archives concernant ces enfants ne manquent pas pour cette période. Parmi celles-ci, 18 registres consignent, chronologiquement de 1804 (an XII) à 1860, sur 8000 pages, le passage à l'hospice de près de 19000 enfants, souvent recueillis alors qu'ils n'avaient que quelques jours. On y a inscrit les vêtements et objets qu'ils portaient sur eux lorsqu'ils ont été trouvés, le prénom et le nom qu'on leur a attribués, les nourrices à qui on les a confiés lors de leurs premiers mois et, souvent, la date de leur décès, car la mortalité est élevée. A partir de 1834, les registres deviennent plus complets, et on y consigne le devenir de ces enfants durant leur enfance, voire jusqu'à l'entrée dans l'âge adulte. Ces documents sont consultables partiellement ici