Les archives de l'abbaye de Grandmont
L'abbaye de Grandmont, fondée vers 1076, a marqué l'histoire du Limousin. Devenue chef-lieu d'un ordre qui se répandit de l'Angleterre à l'Espagne, elle a également toute sa place dans l'histoire européenne. Ses archives furent toutefois malmenées : l'ordre fut dissous en 1772 et la propriété de ses biens transférée à l'évêque de Limoges, qui fit transférer à l'évêché les archives de l'abbaye. Elles firent alors l'objet d'un tri, au cours duquel ne furent conservés que certains registres et actes, en particulier ceux qui justifiaient de droits de propriété.
C'est en 2009 que le classement de ces 12 mètres linéaires d'archives fut terminé (inventaire disponible en ligne). Parmi celles-ci, le registre terrier de 1496 est le plus ancien document de ce type.
En 1996, 500 ans après sa confection, cet épais volume faisait l'objet d’une restauration dans un atelier spécialisé. Mais qui pouvait se douter qu’une vingtaine d’années plus tard la page de titre de ce registre serait retrouvée ?
C’est ce qui est arrivé en juin 2019 lorsqu’à l’occasion d’une vente aux enchères à Limoges, parmi un lot de documents divers, fut repéré un feuillet de parchemin de 40 cm par 28 cm avec une inscription commençant par « Terrier de l’abbaie de Grandmont contenant… » et finissant par la date de 1496. Au verso, les armoiries d’un cardinal.
Très vite, le lien est fait avec le registre manuscrit de 1496 conservé dans la sous-série 5 H : les feuillets sont de même taille, la réglure est identique, un reste de fil de reliure sur le feuillet de parchemin est au même niveau que la reliure du registre et, plus étonnant encore, le rouge de la peinture des armoiries (celles de Guillaume Briçonnet, alors abbé de Grandmont) a déteint sur l’une des pages. Le feuillet ne peut donc provenir que de ce registre !
C’est par l’intermédiaire, quelques semaines après la vente aux enchères, de M. Nivet, libraire installé rue de la Boucherie, que ce feuillet a pu être racheté et être réintégré dans ce registre.
Fort de près de 300 pages, il dresse un état des nombreuses terres possédées par l’abbaye de Grandmont en 1496 et constitue une précieuse source pour la connaissance du patrimoine immobilier de ce monastère à la fin du XVe siècle. Il a été étudié et publié par Marion Daure dans son mémoire de maîtrise d'histoire médiévale, consultable en salle de lecture (40 J 106 - Etude du patrimoine de l'abbaye de Grandmont et de sa gestion à la fin du XVème siècle. - 1998. - 202 p.).
Romain Le Gendre - Juillet 2019