Histoire des collections
Aux origines des archives départementales
Le noyau initial des collections est constitué des fonds mis sous séquestre lors de la Révolution française : archives des juridictions d’Ancien Régime, des établissements religieux, archives des administrations royales et des familles émigrées… Entreposés à l’origine dans des conditions précaires, ils ont été très endommagés par plusieurs incendies, dont le plus important éclata dans la nuit du 12 au 13 novembre 1823 : disparurent notamment une grande partie des archives ecclésiastiques, des papiers provenant du bureau des Travaux publics et des archives de l’ancienne intendance de Limoges. Les papiers que l’on put sauver furent jetés par les fenêtres pour les préserver du feu, anéantissant les travaux de classement initiés par le premier archiviste du département, Élie-Joseph Lefebvre (1821-1841). La seconde moitié du XIXe siècle voit la réalisation des grands classements de fonds anciens, auquel contribua plus que tout autre Alfred Leroux (1878-1908), infatigable érudit dont l’influence sur les Archives de la Haute-Vienne fut considérable. Les fonds conservés s’enrichirent peu à peu : archives des administrations postérieures à la Révolution, archives notariales, puis archives privées.
De riches fonds anciens
Les fonds aujourd’hui conservés se caractérisent par la richesse des archives ecclésiastiques, en particulier les fonds d’abbayes et monastères dont le rayonnement a souvent franchi les frontières du Limousin (série H) : l’abbaye de Solignac, de création mérovingienne, les prestigieuses abbayes Saint-Martial de Limoges et Notre-Dame de la Règle, l’ordre érémitique de Grandmont, dont le chef d’ordre était situé dans les monts d’Ambazac ; les archives de l’Evêché (série G), de l’ancien hôpital général de Limoges (série H Sup) et de l’ancien collège des Jésuites (série D) se signalent par leur richesse. Le plus ancien document conservé aux Archives départementales date de 817 ; il s’agit d’un diplôme de l’empereur Louis le Pieux, fils de Charlemagne, par lequel celui-ci confirme des privilèges en faveur de l’abbaye de Solignac. On peut également signaler la richesse de certains chartriers seigneuriaux séquestrés à la Révolution (sous-série 1 E), notamment les fonds de la famille comtale de Pérusse des Cars (1 E 1) et des vicomtes de Rochechouart (1 E 3). Les archives judiciaires de l’Ancien Régime (série B) et les archives de l’Intendance (série C), sont plus lacunaires.
Les fonds privés, un autre regard sur l'histoire haut-viennoise
Depuis les premières entrées de fonds privés, à la fin du XIXe siècle, les séries d’archives privées (F et J), n’ont cessé de s’enrichir ; aux fonds de familles et d’érudits, qui constituaient initialement la majeure partie de ces fonds, se sont progressivement adjoints des fonds d’entreprises et d’associations ainsi que des archives cultuelles : fonds du maître verrier Francis Chigot (29 F), riche de centaines de photographies et de cartons de vitraux, dépôts de l’Évêché de Limoges (2 J et 3 J), fonds de la manufacture de porcelaine Haviland (23 J), du Herd-Book de la race limousine (33 J), de la famille Gay-Lussac (36 J), de la coopérative de l’Union de Limoges (96 J) et fonds Nicole Maritch-Haviland, fille de la décoratrice Suzanne Lalique et du photographe Paul Burty Haviland (105 J). De nombreux propriétaires de documents iconographiques ont choisi de confier leurs collections aux Archives départementales (série Fi), permettant ainsi la communication aux lecteurs de riches fonds d’affiches, plans, cartes postales et photographies.
Les archives contemporaines et les archives communales déposées, sources de l'histoire locale
Des dépôts d’archives communales (série E Dep) ont été effectués par la quasi-totalité des communes concernées. Quant aux archives publiques modernes (1800-1940) et contemporaines (depuis 1940), qui représentent la majorité des documents conservés, elles conservent la mémoire de l’histoire administrative d’un département chef-lieu de région à travers les fonds du Conseil général (aujourd'hui Conseil départemental) et ceux des administrations de l’État à compétence régionale ou départementale.
Des fonds accessibles
La majeure partie de ces archives est aujourd’hui consultable : si plusieurs fonds d’archives privées demeurent en attente de classement, les archives anciennes sont en majorité classées, à l’exception notable d’une partie de la série B, de quelques fonds d’établissements religieux et d’une partie des titres de familles. Le classement des archives des périodes révolutionnaire et moderne (1790-1940) est achevé. La plus grande partie des archives contemporaines, des archives notariales et des archives hospitalières et communales déposées et des fonds iconographiques est également classée ou, du moins, accessible.