Guillaume Dupuytren (1777-1835), chirurgien et anatomiste de génie

Considéré comme le plus grand chirurgien et anatomiste du XIXe siècle, Guillaume Dupuytren a mené sous l'Empire une carrière exceptionnelle qui l'a conduit aux plus hautes responsabilités.

Né à Pierre-Buffière en 1777, il a été scolarisé au collège de Magnac-Laval jusqu'en 1789, date de son départ pour le Collège de la Marche, rue Sainte-Geneviève à Paris. La Révolution fait fermer le collège, ce qui l'oblige à choisir une profession : âgé de dix-sept ans, il opte pour le métier des armes et rejoint le Limousin pour obtenir le consentement de son père. Mais celui-ci refuse et le pousse vers une profession libérale pour continuer la tradition familiale : le père est avocat et le grand-père chirurgien. Guillaume Dupuytren sera chirurgien !

Son père l'inscrit comme stagiaire à l'Hôpital Saint-Alexis de Limoges. Mais il regagne très vite Paris où il est l'élève de Boyer (ori­ginaire d'Uzerche) à l'Hôpital de la Charité. A dix-huit ans, il devient prosecteur à l'École de la Santé mais reste financièrement dans la misère. Il se passionne pour l'anatomie, la physiologie et la chimie. A la Salpétrière, Corvisart le charge des autopsies. Au moment de la conscription il est dispensé du service militaire grâce à une demande faite par l'École de médecine auprès des services de l'armée.

Il entre à l'Hôtel-Dieu sur concours en 1802. L'année suivante il soutient sa thèse, intitulée Propositions sur quelques points d'ana­tomie, de physiologie et d'anatomie pathologique et fonde avec Laennec et Bayle la Société d'anatomie qui présente de nombreux travaux et mémoires sur l'anatomie normale et pathologique. En 1808 il devient adjoint de Pelletan à l'Hôtel-Dieu. Tout les oppose : Pelletan, issu de la vieille école, refuse toute nouveauté et n'accepte pas les idées novatrices de Dupuytren. En 1810, il est chirurgien adjoint. Son protecteur Boyer est chirurgien de Napoléon depuis 1804 et le suit dans ses diverses campagnes. Dupuytren rêve donc de récupérer sa chaire de professeur de pathologie chirurgicale. Puis il se brouille avec lui, refuse d'épouser sa fille et épouse trois mois plus tard Mlle Lambert de Saint-Olive. Reçu au concours de 1812, il est nommé professeur de médecine opératoire et parvient enfin au sommet, chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu, le 9 septembre 1815.

Son ascension ne prend pas fin avec l'Empire. En 1817, il est nommé inspecteur général des écoles de médecine. Dans la nuit du 13 février 1820, il est appelé en pleine nuit à l'Opéra, au chevet du duc de Berry qui vient de subir un attentat, mais il ne peut le sauver. La même année, il est nommé baron par Louis XVIII. En 1831, après un échec aux élections législatives, il décide de ne se consacrer qu'à l'enseignement de la médecine. Il fonde avec son ami Cruveilher la chaire d'anatomie pathologique de la Faculté de méde­cine de Paris.

Outre ses fonctions hospitalières, il s'était fait une clientèle privée à la fois bourgeoise et populaire. Ses succès, son caractère froid et hautain, son orgueil (à la mort de son rival Bichat il avait déclaré « Je respire enfin » !) soulevaient de terribles jalousies, mais il restait toujours silencieux devant les critiques. Victime d'une attaque en 1833, il s'éteignit le 7 février 1835 à Paris. « Je donnerai là-haut des nouvelles de ce monde... » écrivait-il dans son journal.

(extrait de Figures de la Haute-Vienne au temps de Napoléon, Limoges, Conseil général de la Haute-Vienne - Archives départementales, 2004).

En savoir plus

Léon DELHOUME, Dupuytren, dans Bulletin de la société archéologique et historique du Limousin, t. 76, 1935-1936, p. 1-454. - [Consultable en ligne sur Gallica].

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