Joseph-Louis Gay-Lussac (1778-1850), chimiste

Gay-Lussac a été véritablement une figure internationale de l'histoire des sciences, l'héritier du siècle des Lumières ; à la fois « un physicien ingénieux, mais un chimiste hors de ligne » selon Arago, ainsi qu'un spécialiste des sciences appliquées, il est un représen­tant de la première génération des scientifiques professionnels.

Né à Saint-Léonard en 1778, il y fait de solides études classiques. En 1794, il est mis en pension à Paris. Travailleur acharné et d'une grande vigueur physique, il est reçu à l'École polytechnique le 27 décembre 1797 (premier représentant de la Haute-Vienne) et en sort en novembre 1800 afin d'intégrer l'École des ponts et chaussées.

En 1801 il est choisi comme premier assistant par Fourcroy et Berthollet, ses maîtres à Polytechnique, où il revient comme répéti­teur en 1804. Outre les expériences en laboratoire, il réalise, dans l'intérêt de la science, un bel exploit sportif en s'élevant en ballon avec Biot jusqu'à une hauteur jamais atteinte, de près de sept mille mètres ! Ami du grand savant allemand Alexandre de Humboldt, il part avec lui en 1805 pour un long voyage d'étude en Italie, en Suisse et en Allemagne. A son retour en 1806, il est élu membre de l'Académie des sciences. Familier de longue date de Berthollet et de son laboratoire, il est membre actif de la « Société d'Arcueil » qui de 1806 à 1815 oriente et anime une partie des recherches physico-chimiques de l'école française.

Ses recherches sont source de découvertes : l'étude de la dilatation thermique des gaz l'amène en 1802 à publier son mémoire inti­tulé Recherche sur la dilatation des gaz ; en 1808 la découverte de la combinaison des volumes de gaz permet d'établir la « loi Gay-Lussac ». En 1809, il est professeur de physique à la Sorbonne, et professeur de chimie à l'École polytechnique. En 1810, Napoléon le nomme titulaire de ce poste en remplacement de Fourcroy décédé. Gay-Lussac possède là son propre laboratoire, où il mène ses recherches sur l'iode et ses principaux composés. En 1811, il publie une Instruction sur les paratonnerres.

En 1816, il dirige, avec Arago, les Annales de physique et de chimie. Il entre à l'Académie nationale de médecine en 1820. Nommé censeur à la manufacture royale de Saint-Gobain en 1831, il est au même moment professeur de chimie minérale au Muséum d'histoire naturelle. C'est là qu'il finit sa carrière professionnelle.

Sa connaissance des langues étrangères et ses relations avec de nombreux savants étrangers lui permettaient de tenir ses élèves au courant des recherches en cours et des nouvelles découvertes. Il publia environ cent cinquante articles, mémoires et instructions dans les Annales de chimie ainsi que dans les Mémoires de la Société d'Arcueil. Tombé malade à Lussac, il fut ramené à Paris où il décéda le 9 mai 1850. Le 11 mai, après des funérailles solennelles, il fut inhumé au Père Lachaise. Après sa mort, sa femme, Geneviève Rojot, petite blanchisseuse épousée en 1808, continua à lui écrire d'émouvantes lettres.

La postérité lui a rendu hommage : Humboldt a donné le nom de « Gaylusacia »  à une plante d'Amérique du Sud, et un pic porte son nom sur la lune.

(extrait de Figures de la Haute-Vienne au temps de Napoléon, Limoges, Conseil général de la Haute-Vienne - Archives départementales, 2004).

En savoir plus
  • Fonds Gay-Lussac (36 J)
  • Joseph-Louis Gay-Lussac (1778-1850), sa vie, son oeuvre, catalogue de l'exposition du bicentenaire, École Polytechnique, Palaiseau, 1978.
  • Colloque Gay-Lussac, École Polytechnique, Paris, 1980.
Partager sur