Balzac à Limoges
Une maison de Limoges du XVe siècle, aujourd’hui disparue, est à l’origine d’un roman d’Honoré de Balzac, Le Curé de village.
« Un matin du mois de septembre 1832, sur les six heures, l’antique patache qui faisait le service régulier d’Angoulême à Limoges s’arrêta comme de coutume sur la place Dauphine, devant le bureau des messageries. Un étranger en descendit et fut reçu par un homme jeune encore, qui le conduisit aussitôt au domicile de la famille Nivet. Cet étranger, qui venait à Limoges pour la première fois, était Honoré de Balzac, le romancier déjà célèbre et qui ambitionnait de prendre rang parmi ceux que Victor Hugo appelait « les maréchaux des lettres ».
[…], sous la conduite de M. Rémi Nivet fils, il visita rapidement la ville. Pour qui connaît la religiosité de l’auteur de la Comédie humaine, l’itinéraire de cette courte promenade, qui eut lieu entre le déjeuner et l’heure du départ de la malle-poste de Lyon, est aisé à reconstituer. Par la rue du Collège et le faubourg Boucherie, le visiteur et son guide se dirigèrent vers la cathédrale.
[…]. En traversant la rue et la place de la Cité, son attention avait été attirée par les curieuses maisons des XIVe et XVe siècles aux larges portes en ogives, aux fenêtres dont les meneaux aujourd’hui brisés encadraient des vitraux très apparents il y a quelques années à peine.
Balzac s’arrêta devant l’une de ces maisons située à l’angle des rues de la Cité et de la Vieille-Poste et dont le rez-de-chaussée était occupé par la boutique d’un chaudronnier marchand de ferraille. Avec l’acuité de vision qui lui était particulière, il jugea que ce cadre était bien celui qui convenait à l’œuvre de fiction dont la genèse était vraisemblablement arrêtée dans son esprit, mais sans que le lieu de l’action et les détails en fussent déterminés.
Dans ces pièces quasi obscures, derrière ce rideau de pierre se dérouleraient les scènes préliminaires du Curé de village, tandis que là-bas, sur l’une des rives de la Vienne, près du vieux pont, s’accomplirait le crime qui formerait à la fois le prologue et le pivot de l’action scénique. »
(Extrait de l’ouvrage « Balzac à Limoges » p. 6-8 de A.Fray-Fournier. Impr. Ducourtieux, Limoges.- 1898). Cote : 3 SAHL 1147.
Paul Courtot, connu pour ses tableaux et dessins du vieux Limoges pittoresque, a peint en 1895 l’immeuble Fayette, à l’angle des rues de la Cité et de la Vieille-Poste. Ce tableau est aujourd’hui conservé au Musée municipal de l’évêché de Limoges (inventaire. 299).
Les Archives départementales de la Haute-Vienne conservent de sa main une restitution de deux fenêtres du premier étage, dessinée en 1924 au moment de la démolition de cette maison (cote : 1 Fi 414), ainsi qu’une page calligraphiée reprenant le début du roman de Balzac.
Dossier préparé par Didier Renout.
Honoré de Balzac, Le Curé de village, Paris, 1837-1845.