Gargantua en Limousin !
Le registre du receveur de l’évêque de Limoges à Saint-Léonard pour 1467-1475 (Arch. dép. Haute-Vienne, 1 G 182) mentionne que le 4 février 1471 (plus de 20 ans avant la naissance de Rabelais), Gargantua lui-même fit son entrée à cheval à Saint-Léonard, s’en alla droit au palais ou salle de l’évêque de Limoges et y prit son gîte pour deux jours aux frais de Monseigneur (troisième paragraphe) :
Item, le IIIIe de fevrier, vint Gargantuas lotger en la sala, et pour deux jours, tant de-sson cheval que despance par luy fecte, V s. [5 sous].
Gargantua a-t-il été créé par Rabelais ?
Le XIXe siècle fut le théâtre d’âpres débats à ce sujet.
Pour de nombreux auteurs Gargantua, personnage très présent dans la toponymie, faisait partie intégrante du folklore national, une émanation évidente de l’hercule gaulois. Toutefois voilà ce que dit Bourquelot, un des plus ardents défenseurs d’un Gargantua pré-rabelaisien :
« Jusqu’au moment où l’on aura découvert un monument écrit qui mentionne le nom de Gargantua antérieurement au XVIe s., le système que j’ai soutenu trouvera toujours des incrédules et des contradicteurs. Cependant je ne doute pas que la preuve complète de ce que j’ai avancé ne s’offre un jour »
Prophétie, vision ? Toujours est-il qu’Alfred Leroux, archiviste de la Haute-Vienne publie à la fin du XIXe s. dans ses Archives historiques de la Marche et du Limousin, ce document mentionnant notre héros. Vraisemblablement un des seuls en France. Plus de doute, Gargantua existait donc dès 1471, bien avant Rabelais.
Antoine Thomas, membre de l’Institut : « Revenons à Saint-Léonard […]. J’ai parcouru attentivement tout le registre sans rien trouver qui permette d’identifier le Gargantuas qui passa ainsi deux jours dans cette petite ville (4-5 février 1471), logea dans […] le palais de l’évêque de Limoges, et fut défrayé par le trésorier de Sa Grandeur. C’était un ami de Monseigneur de Limoges, évidement; ce ne devait pas être un de ses officiers, car le même jour eut lieu une sorte de repas de corps des officiers, et il ne semble pas que Gargantuas y ait figuré. Personne ne voudra supposer que dans ce texte Gargantuas soit autre chose qu’un sobriquet, une sorte de nom de guerre, comme en ont porté tant d’autres personnages du temps […]. La présence d’un s à la fin de ce nom et en contradiction avec la tradition suivie par la Ballade auxLysans, par les Chroniques et par Rabelais lui-même dans son œuvre définitive; au contraire, elle semble établir un lien entre le témoignage limousin et un livret populaire de la collection dite Bibliothèque bleue, livret plus d’une fois réimprimé sous ce titre Vie du très fameux Gargantuas... »
Les idées de Rabelais
Ses idées religieuses
Rabelais est partisan de l’« Évangélisme », mouvement humaniste qui veut épurer la religion catholique et s’oppose aux ambitions temporelles des papes. L’Écriture doit être le seul fondement du christianisme. Il faut l’étudier dans le texte original et procéder à de nouvelles traductions et interprétations. Nécessité d’abandonner les institutions créées par les hommes.
Rabelais défend l’idée d’une morale conforme aux exigences de la nature et de la vie, mais reposant sur la foi religieuse.
Ses idées pédagogiques
Rabelais propose un système d’éducation qui prodigue un savoir encyclopédique, la variété stimule l’appétit de savoir. Il rêve d’une connaissance universelle et totale. L’éducation doit faire fonctionner autant le corps que l’esprit. Les exercices physiques ont une large place dans son programme éducatif
Il préconise l’apprentissage des langues anciennes (le grec était interdit à la Sorbonne) pour aborder les textes bibliques.
Il critique l’enseignement purement livresque et laisse une grande part à la pratique et à l’expérimentation.
Ses méthodes pédagogiques sont basées sur l’apprentissage dans la joie on n’apprend bien qu’en se distrayant.
Ses idées pacifistes
Il déclare que « le bon prince doit être pacifique » et doit faire passer les intérêts du peuple avant tout.
Rabelais réalise la transition entre deux époques s’il est encore un homme du Moyen Âge qui aime la liesse et la farce, il est aussi un contemporain de la Renaissance, humaniste savant, médecin féru de grec et partisan du retour à la nature.
Dossier préparé par Jacques Audrerie
- 1494 : Naissance
- 1519 : Couvent franciscain de Fontenay-le-Comte.
- 1521-1524 : Fréquente un groupe d’humanistes.
- 1525 : Autorisation du pape pour devenir bénédictin
- 1528-1530 : Fréquente les universités de Bordeaux, Toulouse, Orléans, Paris où il prend l’habit de prêtre séculier
- 1530 : Bachelier à la faculté de médecine de Montpellier
- 1532 : Médecin de l’Hôtel-Dieu de Lyon. Il publie, sous le nom d’Alcofribas Nasier, Pantagruel. Condamné par la Sorbonne. Protection de l’évêque de Paris, Jean Du Bellay.
- 1534 : publication de Gargantua.
- 1535 : Absolution du pape pour avoir quitté les bénédictins.
- 1536 : Licence et doctorat. Un des premiers médecins du royaume. Dissections de cadavres, encore peu pratiquées
- 1543 La Sorbonne condamne de nouveau Gargantua et Pantagruel. Rabelais est « maître des requêtes du Roi ».
- 1546 : Publication du Tiers Livre, la Sorbonne condamne l’ouvrage. Il se réfugie à Metz, où il devient médecin de la ville.
- 1551 : Curé de Saint-Martin de Meudon
- 1552 : Publication du Quart Livre, condamné par le Parlement.
- 1553 : Mort de Rabelais à Paris.